Bonefish du bout de la piste

Chapitre
1 : au bout de la piste

La
route interminable nous attire encore vers le Nord de la calédonie. La
traversée de la chaîne par le col des roussettes aboutit sur la cote Est sous une
pluie fine. Le pont métallique enjambe la Ponérihouen.

 

 

 

Cela
signifie que nous arriverons d'ici une demi-heure, au terme de nos 4 heures de
voyage, à Poindimié pour un stop-over familial.

 

 Nous repartirons le lendemain pour Ouegoua
avec trois heures de route cahotique.

 

La traversée par le bac est toujours
aussi agréable sur l'embouchure de la Ouaième.

 

 

 

Du
village de Ouegoua, il n'y a « que » 45 minutes de piste.

 

  

Chapitre
2 : Ici, c'est le dépaysement au cœur du pays

Nous arrivons
enfin à la maison de bord de mer où l'accueil est aussi chaleureux que les
tablées sont grandes.

Ici,
l'électricité est solaire, l'eau vient d'un captage, c'est la fin de la ligne
téléphonique. Pour capter le réseau du téléphone portable,  ce n'est qu'à marée basse à coté du canot. Nous
sommes au bout du monde, au pays des broussards, au plus proche du sel de la
terre.

 
Ici,
on mange le coco vert.

 

Ici,
On serre la pince des crabes de palétuviers.

 

Ici,
on chasse le cerf.

 

Ici,
on peut le cuisiner là.

 

En
buvant un verre sur la terrasse de la cabane

 

du
bout de ce chemin.

 

Ici,
au détour d'une plage

 

On
découvre des coins de paradis

 

En
bord de mer

 

Ou
d'un trou d'eau.

 

Ici,
les tricots sont rayés.

 

Chapitre
3 : ici, on pêche un peu aussi

 
Au
bout de ce long périple, nous espérions aller sur l'ilot Balabio. Le vent ne
décolérera pas du séjour. Nous nous rabattrons donc sur des sites et des pêches
plus traditionnelles.

L'ultraléger
permettra de sortir quelques painguettes, des carangues au corps doré. La canne
à mouche restera au fourreau.

Le vent ira crescendo jusqu'à 35 noeuds pendant
que les sternes s'amuseront de nos leurres.

 

 

Chapitre
4 : la chance tourne, pas le vent

C'est
le dernier jour et le vent est établi à 20 nœuds. Il n'est pas question de
partir sans au moins avoir essayer ce flat en limite d'écume. Malgré les
vagues, le soleil haut permet une (très) relative visibilité pour pêcher à la
mouche. Les lancers sont approximatifs. Une première touche me laisse plein de
dépit : c'est une aiguillette crocodile qui surfe en faisant un tapage de
tous les diables pourrissant le coup à coût sur. En la décrochant, elle me
décoche une jolie morsure me fendant l'ongle du majeur droit. Ma mouche pend
lamentablement au bout d'un bas de ligne éraillé ; mon doigt dispense une
auréole sanguinolente dans l'eau squaleuse, le vent ne tombe pas. Je parcours
les quelques centaines de mètres vers la plage pour refaire mon montage. Le bas
de ligne de 9 pieds
se verra ajouté un mètre de 12lbs, longueur bien suffisante par les vents qui courent.
Une simram bien duveteuse, brillante, lestée et colorée par ma blessure
terminera cet ensemble dans la continuité de ma soie de 8. Je retourne  dans mon mètre d'eau. Entre deux herbiers de
turtle grass, je prospecte, observe, scrute. Je tente quelques coups en amont
des herbiers. Le courant établi permet des dérives inertes remémorantquelques souvenirs  au streamer.  La pêche est rendue difficile par le vent et
la visibilité limitée. Je remarque quelques affouillements au sein d'une
cuvette de sédiments un peu plus meubles.  Je me poste tel un héron, espérant le  passage des you. Le temps est long dans cette
eau à 23° un peu trop rafraîchi par cet alizé. La marée a dépassé le niveau
fatidique du short.

Un
ange passe. Une ombre passe à 20
mètres. Je ne la vois pas ; je la devine. Tel un microprocesseur,
mon cerveau d'arpenteur de lagunes calcule à la vitesse de la lumière le déplacement
de l'ombre (algue, poisson, hallucination), la profondeur, la rapidité du courant,
la direction et la force du vent, la force gravitaire de la lune. Bref, je
balance le tout en essayant de ne pas m'estropier. La mouche met environ 1O
secondes pour couler. Je la laisse dériver. Un strip instinctif suit. L'ombre n'est
plus visible. Une lourdeur se fait ressentir au bout de la ligne. Ferrage appuyé,
canne basse. Le poisson ne réagit pas…..je lève la canne il remonte doucement
vers la plage. Je suis déçu. Pas de démarrage, ce n'est pas un you. J'appuie un
peu plus. La soie file bon train vers le chenal au chant du moulinet. Deux cent
mètres de backing sont dehors, la canne salut bien bas alors que le bras pointe
le ciel. C'en est un ! Il est temps de contrecarrer. Le poisson bifurque maintenant
parallèlement au chenal. Je recule doucement pour venir vers la plage distante
de 400m.  Je dois maintenant reculer rapidement en moulinant comme un fou pour compenser le mou car il revient vers
moi. Il repart maintenant vers le plateau d'herbe dans les vagues. Le fil
décrit une courbe inquiétante formée par le vent et son changement de direction. Il faut faire preuve de
persuasion à plusieurs fois pour remplir de nouveau les spires du moulinet. Je
le vois à plusieurs reprises par le travers, c'est un beeeeeau. Mais, il repart
à chaque fois. « Zzzzzzz,zzzzzz,zzzzzzzzzzz, » crisse le
moulinet. Enfin, il me permet de le brider. Il faut alors contrer ses
tentatives de fourrer son nez dans le sable abrasif. La plage n'est plus très
loin. Je profite d'une vague pour le beacher.

 

Le you, le bonefish du nord brille tel
un lingot d'argent sur la plage.

 

 

 

 

Le
combat aura duré une trentaine de minutes. Il mesure dans les 80 cms et est
rond comme une bouteille de bordeaux de deux litres qui le célébrera, ce soir.

 


Après une courte réanimation, il repartira vers ses horizons, ce bonefish du
bout de la piste.

 

 

 

Chapite 5:
épilogue

Ce poisson,
pris dans ces conditions extrèmes, meritait ce périple.

 

C'est le coeur léger que
nous redescendrons, avec les cascades plongeant dans la mer, pour rejoindre la
cité nouméenne.

 

 

 

 

16 commentaires.

  1. Bonjour,
    Nous souhaiterions avoir des renseignements sur la pêche au bonefish.
    Nous voudrions nous mette en contact avec un guide en pêche au bonefish et de préference un guide anglophone.
    Merci de nous répondre dans le plus brève des délai.
    Cordialement,
    Chloé

  2. bull poly alx fan brain tonton Laurent françoise merci pour vos coms
    fabien jeff trouvera bien un autre créneau au yucutan
    alexis les creeks n'ont que des jungle perch ou doules
    JM des promesses toujours des promesses et pas de gites dans le secteur
    loute le retour en nc???
    Charly chat noir Daniel m'a télephoné ce jour beaaauuu temps dès qu'on est parti. On revoit ça en fin d'année

  3. Sans ce put… de vent on aurait cartonné à Balabio. Excellents commentaires sans aucun doute hantés par la passion tel un ghost of the flat. On retourne au paradis en fin d'année en espérant un temps plus clément.

  4. Il est beau ton Daparra mon vince, vraiment beau !
    Que de souvenirs pour moi quant je regarde tes images…ya pas de la place pour un ancien combattant comme moi sur ton caillou ?

  5. Surtout tu gardes bien les adresses des gîtes : c'est là qu'on veut aller quand on viendra !
    Bises.
    JM et CH

  6. Merci pour ces belles photos du caillou.Cela me donne tres envie de faire un tour de caledonie.
    La pêche par contre c'est moins mon truc ….

  7. Non , c'est décidé !
    Je ne mettrai jamais les pieds en Kaldochie.
    As-tu vu les photos de mes dernières périgrinations , vikingquesques notamment sur copains d'avant ?
    Un de tes frères trop dégouté.
    Bises
    Laurent

  8. superbe Vince !!
    Le basssement terrien que je suis ne peux s'empêcher de poser la question des habitants écaillés des rivières traversées ? Qu'est ce qui nage dans ce type de cours d'eau ?
    A+

  9. Pffffff….
    je retourne me coucher, j'aurais au moins, avec un peu de chance, la maigre compensation de pouvoir en rêver

  10. Salut Vince, saloperie calédonien tu veux que je crève ou quoi !
    C’est bon de voire de magnifique bonefish comme ça…ce soir
    Merci ça mets la banane.
    A+ Fabien

  11. salut vince!
    superbe récit, belles photos mais surtout quel poisson!!!!
    bravo a toi et surtout continue de nous raconter tes aventures halieutiques aux antipodes.

Commentaires clos.