NOUVELLE CALEDONIE: Un pêcheur à la mouche est né

Comme de nombreux pêcheurs, mon fils a fait évolué ses techniques en même temps que sa mentalité à l'image des théories d'un certain Darwin. Ainsi, Il a commencé à attraper les becs de cane en ligne franche et en dérive dans le canot, affublé d'un gilet trop grand pour ses trois ans. Il pris le relais de sa sœur dont l'intérêt halieutique s'est effiloché au gré des années. La bobine de palangrotte fut rapidement remplacée par une canne et un moulinet.  Quelle ne fut sa joie de réaliser un doublé de rougets aux couleurs flamboyantes dont il me parle encore !

 

Néanmoins, les prises ne rejoignaient pas toujours leur élément naturel. En effet, ramener un poisson à son grand-père était une source de fierté que ne dénigreraient pas nos ancêtres troglodytes. Ce sentiment, je l'avais eu en d'autres lieux et d'autres temps ; il fallait qu'il se forge sa propre expérience, être patient et lui laisser le choix d'emprunter ce chemin que j'avais parcouru auparavant.

 

Au fil de nos pérégrinations halieutiques, sa technique et son autonomie évoluèrent. Les esches naturelles et souvent odorantes furent bien vite abandonnées au profit de leurres divers et variés.

 

 Sa technique à l'ultraléger devint rapidement redoutable.

 

seb à l'ultraleger

 Heureusement, ses instincts alimentaires étaient révolus. Les seuls souvenirs de ses pêches mémorables ramenées à son aïeul consistaient en des prises de vue. Pour le plus grand bonheur de ses compagnons de pêche à nageoires, les prises étaient désormais relâchées  dans le plus grand respect.

seb à l'ultraleger

  Il restait l'ultime étape pour que la chrysalide se transforme en imago : devenir un pêcheur à la mouche. 

Après quelques essais sur une improductive pelouse, la marée prometteuse,  les faibles alizés et le captain Stef nous entraînent, dimanche dernier,  vers un flat de Calédonie.

  

C'est alors un festival de biodiversité pour les deux vieux loups de mer. Pas moins de neuf espèces différentes viendront goûter nos assemblages colorés : Poisson trompette, labre à long nez, carangues, bossus dorés, bossus d'herbe, baliste picasso, picot gris (une première), perroquet banane (un labre en fait).

  

 

 

 

 

 

 

Pendant ce temps, mon fils fouette inlassablement les airs et les eaux. Ses  patientes arabesques ne sont pas récompensées. A défaut de serrer ses boucles, il se serre la ceinture.

  

 

Sa pugnacité finit par lui permettre d'attraper coup sur coup deux loches miel. Ce sera la neuvième espèce du jour. Je ne sais qui est le plus fier:le père, le fils ou Saint Pierre.

  

 Les prises sont modestes mais l'important n'est pas là. Nous l'avons compris tous les deux : il est heureux, il vient de rejoindre son père dans la fratrie des amoureux des ghost of the flats et des truites gobeuses, des tracassés de la prise méritée, des arpenteurs aux pieds humides, des relacheurs de rêves. Bienvenue, mon fils. 

Ce matin-là, un pêcheur à la mouche est né.

 

7 commentaires.

  1. Suite aux belles photos que tu m'as envoyé dernierement je me suis souvenue de l'adresse de ton site…
    bien que je ne sois pas une passionée de peche j'ai eu du plaisir à le regarder
    Felicitations à tous les deux

  2. super vince…. moi je suis jaloux de toi Seb lol j'espere pouvoir faire un poisson en mer en dec ( je re a la reunion)… et en dec 09 ça sera moi vince qu'il faudra apprendre a fouetter mdr ;)… en tt cas photo genial, et un article tt en emotion…. super

  3. merci de vos commentaires
    la dernière sortie qu'évoque Seb n'était pas très facile . malgré le manque de poisson, le fiston s'est accroché et a nettement amélioré son lancer.
    comme tout palmeur qui se respecte, il veut maintenant monter ses mouches.a suivre

  4. moi(fils) aussi je l'ai lu avec une grande joie d'ailleurs ce matin meme je me suis encore amelioré avec toi (père)

  5. Pleins de souvenirs avec mon fils ont ressurgis en lisant ton magnifique article et qui malheureusement préfère désormais pêcher la moule du samedi soir.
    Et la grande chance d'un enfant d'avoir un père tel que toi.
    Un père qui me manque toujours… Décédé quand j'avais neuf ans…
    Émotions, off.

  6. Salut vince, le fiston peut être heureux de suivre les traces de son papa. Quels chances de pouvoir débuter dans de pareils conditions.
    Magnifiques poissons en couleurs .
    Bonne continuation à vous deux.
    A plus fabien.

  7. de pêcher dans une piscine…
    Non sans dec' c'est un super article, plein d'émotions en couleurs, de rêves, d'espoirs et de poissons fluos !
    Le texte et le images sont top !

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